mardi 8 septembre 2009

Chère Lockie et Roque Enguibole mènent l’enquête (épisode 1) par Christine Lemaire.


Ce sont des extraits de "Fleurs de Bach", un fort beau "reportage" de Christine Lemaire, grand-maman maternelle de l'un de nos petits pianistes ; accompagnée de Dany, l'autre mamy –la "paternelle"-, Christine s'est lancée sur les traces de notre petite troupe à La Roque d'Anthéron.
Le sel de l'histoire (le grain venant en fin de prose), c'est que nos mômes, apparemment, avaient répandu le bruit que toute visite à notre petite bande était interdite aux parents et grands-parents !
Bien au contraire, l'arrivée de ces deux touristes mélomanes nous ravit.
Episode 1 I Mais ils sont où, les parisiens ?
J’aurais dû attendre Luis Fernando Pérez, ce jeudi 20 août 2009 à partir de 18h30 dans le cloître de L’Abbaye de Silvacane. Il joua J.S. Bach, sa Partita pour clavier n° 1 en si bémol majeur BWV 825 mais je n’y étais pas encore : ma voisine m’irritait de son éventail peu mallarméen, la chaleur des Bouches du Rhône m’accablait, l’incertitude du bien-fondé de ce voyage, les kilomètres de train parcourus depuis l’estuaire de la Loire, quitté la veille, où se remettait mieux ma cheville…
Je n’entrai dans le concert que libérée par Soler, P.A. Soler, que réincarne sans doute Pérez. Ce ne fut pas éblouissant ce fut solaire –j’ose- et je sus que j’avais bien fait de venir.
Bach fut servi le lendemain dans toute la 2ème partie de son concert par Alexandre Tharaud. C’était au Parc du château de Florans, on avait rencontré par hasard, à l’entrée, nos musiciens fugueurs, la musique était toute là et j’oubliai vite cette drôle de transcription de quatuor pour un orchestre à cordes, suivie de l’Adagietto de la 5ème de Mahler : non, cette 1ère partie n’était qu’une curieuse mise en bouche mal programmée par l’Amsterdam Sinfonietta.
Avec Bach, on y était.
Tiens, je vais réécouter, puisque notre monde technologique nous livre dans l’intimité de nos maisons le travail des artistes, je vais réécouter…la Sicilienne du Concerto en ré mineur BWV 596.
Je prends aussi derrière le temps du Largo -tempo céleste- du Concerto en sol mineur BWV 590. Comme c’est beau, et qu’ils ont de la chance, Lola, Manuel, Louis et les autres, que leurs Mentors leur enseignent aussi le recueillement et la nuance. Barthes, ce paronyme de Bach, avait créé la « diaphoralogie », « science des nuances et des moires ». Sylvian et Serge sont de bons Diaphoralogues, je n’ai pas dit des Diafoirus, nom d’un Grand Bach !
On nous l’avait bien dit : nous allions être déçues, il était moins que certain que le concert de fin de « stage en Roquedanthéronie » aurait lieu : nous n’allions donc que gêner sur les pas de Gabriel.
Comme on sait (encore un peu), Gabriel, au mieux, nous virerait courtoisement du domaine du Paradis. Quant à entendre la musique des anges et des archanges,…ou des apprentis musiciens, cela ne serait pas et d’ailleurs nous ne savions ni le jour ni l’heure…ni le lieu du mystérieux concert.
Notre première logeuse, la belle Cécilia, ignorait tout du Festival in, alors le mini-off, vous pensez ! Le vendredi, donc, lendemain de notre parachutage, nous nous rendîmes au matin à l’Office du Tourisme. Le nom (est-ce l’actuel ou le précédent, je m’y perds ?!) de Syndicat d’Initiatives nous y encourageait : nous la prîmes.
La Roque n’est un petit village que pour les ingambes…
Je ressentis cruellement la porte close ; trop tôt, il fallait revenir et prendre garde aussi aux heures de sieste, bien légitimes au demeurant, vu les pics thermiques à plus de 36° centigrades.
La dame accablée de courrier à traiter nous dit que oui, des enfants résidents, des musiciens sans doute, peut-être…
Un concert ? Ah non, rien de prévu. De l’arrière-salle un baryton s’éleva pour contrer la mezzo : il avait vu passer quelque chose, il avait été question d’enchanter le temple protestant mais il y avait une embrouille, un empêchement, des difficultés, il ne savait plus quoi.
Il fallait retrouver un courriel des services techniques de la Mairie.
La pile remuée n’offrit rien de semblable, on rappela la Mairie.
La dame d’ici échangea avec la dame de là sur leurs vies respectives, leurs tâches, leurs amours, leurs enfants, on arriva au sujet : les petits et grands enfants des détectives.
Las ! Le concert avait bien été prévu, il aurait bien eu lieu au Temple, quelque Diable l’avait empêché, il était annulé.*
Les enfants ? Ils s’entraînaient à l’ancienne Mairie, en haut de la rue Clémenceau, au-dessus du bistrot « La Cigale ».
« Gesang ist Dasein », exister, c’est chanter, proclamaient muettement, après Rilke, les clients de la terrasse toujours pleine de La Cigale.
Peut-être l’un saurait-il, ou le maître des lieux, affable dans son short à fleurs, toujours prêt à vous caler une table bancale avec le journal du jour : à quoi bon les nouvelles ? les jours ne s’écoulent-ils pas ici sous un soleil égal qui assèche utilement les gosiers ?
(à suivre )

"Ils s’entraînaient à l’ancienne Mairie, en haut de la rue Clémenceau, au-dessus du bistrot « La Cigale ».
« Gesang ist Dasein », exister, c’est chanter, proclamaient muettement, après Rilke, les clients de la terrasse toujours pleine de La Cigale "
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* Effectivement : le concert des enfants, dont vous imaginez le désappointement, fut annulé pour des raisons techniques (instrument inadapté, pas de communication et donc salle vide en perspective !).

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