vendredi 11 septembre 2009

Chère Lockie et Roque Enguibole mènent l'enquête (épisode 2) par Christine Lemaire


Ce sont des extraits de "Fleurs de Bach", un fort beau "reportage" de Christine Lemaire, grand-maman maternelle de l'un de nos petits pianistes ; accompagnée de Dany, l'autre mamy –la "paternelle"-, Christine s'est lancée sur les traces de notre petite troupe à La Roque d'Anthéron.
Le sel de l'histoire (le grain venant en fin de prose), c'est que nos mômes, apparemment, avaient répandu le bruit que toute visite à notre petite bande était interdite aux parents et grands-parents !
Bien au contraire, l'arrivée de ces deux touristes mélomanes nous ravit.
*
-Episode 2-
On était vendredi, à midi ; la veille au soir, au cloître, à Soler, on n’avait pas encore vu nos drôles.
Où étaient-ils cachés ? Une vieille dame semblait loger sur le banc public, sans doute plus confortable que sa maison obscure : ce Midi, quant même, pensais-je en ma tête de Viking, où il ne faut pour rien au monde laisser entrer le dieu dès ses premiers rayons, où il faut vivre comme des taupes sauf à envahir les terrasses des bistrots et bistrotier fleuris, et les bancs publics !...
La dame, affable et pas trop sourde, n’avait entendu aucun son pianistique forcer les persiennes de l’ancienne mairie voisine.
Les enquêteurs doivent se faire discrets, nous le savons par Antoine Doisnel et son parcours dans Baisers Volés.
Baisers Volés, c’est bien le titre qu’il nous fallait : on n’allait décidément pas pouvoir embrasser Gabriel.
On partit à Lourmarin, visita le château, un pianiste s’entraînait au rez-de-chaussée, je ne l’avais jamais vu aux auditions saisonnières du Caveau de la République, fausse piste.
A l’étage un autre piano à queue dans une vaste bibliothèque, ils auraient été bien, là, un peu d’air lumineux agitait les tentures, l’espace était beau, les sols cirés antiques.
-Photo Ch. Lemaire-

Pas de Gabriel ni aucun de ses amis connus de nous.
On visita le centre et fit, comme tout le monde, halte à une terrasse, le garçon enregistra nos commandes vertes et fraîches, tourna le dos : son T-shirt le disait : on était « Chez Gaby ».
Quelle facétie, encore. S’appelait aussi ainsi le petit garçon de La Cigale, prié de prendre garde aux rares voitures annoncées toutes par la musique, vitres baissées.
Le destin se jouait de nous ! Rentrées, douchées, délicieusement traitées au meilleur restaurant de La Roque, nous partîmes au Parc de Florans : c’était celui de Sylvian, de Florian et le nôtre : au milieu de la foule des festivaliers, juste sur notre chemin, notre petit-fils ! « Gaby !
- Tiens ! fit-il, surpris.
– Ne fais pas l’idiot, dit en substance Serge, tu m’as dit hier que tes grands-mères étaient là !
Nous défîmes aussitôt nos masques et reprîmes l’apparence de grands-mères : l’enquête était finie.
C'étaient les cheveux de Lola...

Gabriel était bruni, couleur de pain d’épices, radieux.
Serge ironisa : allez vite le nourrir pour compenser nos mauvais traitements !
Nous n’avions aucune inquiétude et si elle avait existé, la vue de l’archange au paradis n’aurait pu être plus flagrant démenti.
Ils étaient tous beaux, joyeux, heureux.
Quelle chance avaient ces enfants. Louis s’avança, mais cela c’est le sujet du Petit Prince, le soleil perça le séquoia et les platanes pluri centenaires : c’étaient les cheveux de Lola, on se sépara pour entendre Alexandre Tharaud, j’aimais Bach, je le savais déjà.
(à suivre)

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