mercredi 23 septembre 2009

Un âge pour commencer le piano ?

C'est une question qui m'a été souvent posée et à laquelle, aujourd'hui encore, je suis incapable d'apporter une réponse définitive.
Si l'on considère, c'est mon cas, que l'enfant est une personne à part entière, tout repose sur l'intégrité de cette personne.
Je suis souvent confronté à des parents persuadés d'avoir enfanté le nouveau Mozart et dépités quand je leur annonce qu'à l'Atelier Musical, les "petits" doivent faire d'abord un "cursus" pour les amener à choisir leur instrument, et destiné à favoriser l'acquisition des premières notions mélodiques, rythmiques et harmoniques.
Ensuite, c'est une question d'individu, rien n'étant, à ces âges, inscrit dans le marbre.
On assiste à des départs fulgurants qui s'essoufflent et, inversement, à des "déclics" qui surviennent lorsqu'on ne s'y attendait plus !
L'immense pianiste Arkadi Volodos* en est l'exemple qui a commencé à travailler "vraiment" le piano à l'âge de 15 ans !

De même pour le travail personnel.
Certains ont besoin de travailler de façon intensive, d'autres beaucoup moins : ainsi, un éminent pianiste et professeur au CNSM me confiait récemment qu'à l'âge des grands examens, il travaillait 30 minutes par jour.
Il y a cependant, je crois, une faculté à oublier.
Un grand élève me disait encore, hier : "je ne travaille pas assez".
C'est donc à chacun de jauger et d'établir ensuite le plan de travail qui lui correspond le mieux.
En ce qui me concerne, dans la période où j'étais pianistiquement "au top", je travaillais dans l'urgence, à l'approche des concours.
J'ai longtemps pensé que jusqu'à cette période "d'urgence", j'étais un dilettante.
En fait, je m'accorde aujourd'hui quelque indulgence : sans "travailler" vraiment, je jouais beaucoup (tout sauf le programme imposé !) et quand je décidais, enfin, de m'emparer des œuvres de concours, je les "montais" avec une certaine facilité*.

Je suis d'une école très "française" où l'on donnait aux élèves un cartable plein de volumes d'exercices en tous genres : un livre pour les double-notes, un autre pour les arpèges, un autre pour les trilles, etc.
Ridicule, pensé-je maintenant, quand tout est contenu dans un seul et même "pensum", le fameux et sempiternel "Pianiste virtuose" de ce cher M. Hanon.
Aujourd'hui, je garde pour cette "somme" pianistique une gratitude certaine ; et, si je le préconise parfois selon les cas, je suis partisan de l'exercice à l'intérieur de l'œuvre.
Comme un certain Cortot il y a plus d'un siècle !

Richter, dans l'indispensable "Insoumis" de Bruno Monsaingeon, affirme d'ailleurs : "je n'ai jamais fait un exercice de ma vie !".
Que l'on prendra au deuxième degré bien sûr, car il va sans dire qu'il devait isoler, dans l'œuvre, le passage ardu, et le travailler... en exercices.

Pour avoir entendu, tout dernièrement, Christian Zacharias travailler inlassablement les mêmes traits de double-croches du 2ème concerto de Beethoven, on peut donc affirmer qu'on n'obtient rien sans effort.
CQFD

SC

*Volodos a signé une transcription de la "Marche turque" de Mozart d'une telle qualité que beaucoup de ses confrères l'ont inscrite à leur répertoir de "bis".
La voici :

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